Au cœur de la Cinarca en Corse-du-Sud, il existe un endroit magique où le temps s’est figé il y a quelques décennies : le hameau de Muna. Autrefois, les rires des enfants ricochaient sur les sentiers pavés de ce village en escaliers, où l’on menait une vie paisible et prospère. Mais à présent, on n’y entend plus que les murmures du passé… Les deux guerres et l’isolement ont contraint la population à quitter progressivement le village. Le dernier foyer s’est éteint dans les années 1970, avec le départ du dernier habitant… 

 

 

Un lieu mystérieux dans un écrin naturel

 

Lieu chargé d’histoire ancré dans un environnement à la beauté presque irréelle, une visite à Muna est une expérience qui ne manquera pas de vous émouvoir. Après avoir laissé derrière nous le village de Murzo, on suit la D4 en direction de Muna. Au niveau de Bocca a Verhgiu, la route se fait plus étroite et le paysage grandiose. Entouré de falaise vertigineuses, on surplombe les gorges du Liamone. Le spectacle commence.

 

 

Quelques kilomètres plus loin, niché sur le flanc de la Sposata, on découvre le hameau de Muna. Des escaliers parsemés de maisons en pierre dévalent la pente rocheuse. Autrefois, le village vivait de ses propres ressources et menait une existence paisible, rythmée par la culture et l’exploitation forestière. Cette dernière est d’ailleurs la raison de sa création, en 1740. Le bois coupé était transporté jusqu’à la côte via le Liamone et servait notamment à construire des mâts de bateaux.

 

Un déclin inexorable

A sa grande période, le village était prospère, doté d’une école qui accueillait une cinquantaine d’enfants et d’une église qui a récemment été restaurée. Contre ses pierres centenaires, une plaque commémorative rappelle le lourd tribu payé par les familles Nivaggioli et Rossi pendant les deux guerres, qui a amorcé le déclin du village. L’isolement, l’absence d’eau courante et d’électricité ont achevé ce processus inexorable de désertion. En 1960, on ne comptait plus qu’une centaine d’âmes. A l’époque, on n’accédait au village que par un sentier muletier escarpé de plusieurs kilomètres de long, très dangereux par endroits. Puis la dernière porte s’est fermée en 1974, après le départ du dernier habitant.

 

 

 

Faire revivre le passé

Au gré d’une balade à Muna, on imagine l’histoire du village, les souvenirs dont ses pierres sont imprégnées. Les fêtes sur la place de l’Eglise, les enfants qui dévalent ses ruelles étroites, les parfums qui s’échappent du four à pain, le moulin qui tourne à plein régime… Le tout sous le regard protecteur de la Sposata, la mariée qui selon la légende aurait été pétrifiée et dont la silhouette se découpe sur les crêtes de la montagne éponyme.

 

La voie de la renaissance

Souvenez-vous de l’Omu di Muna, magnifique chanson écrite par les frères Vincenti et chantée par Antoine Ciosi. Grâce à lui et à cette mise en lumière, une piste carrossable a été crée en 1977. Dix ans plus tard, elle a été goudronnée et est devenue la D4 reliant Murzo à Rosazia.

 

L’Omu di Muna – Antoine Ciosi 

 

 

 

Le combat continue avec les membres de l’association « A Munesa », fermement décidés à rehabiliter le village afin que les descendants des familles de l’époque puissent l’habiter à nouveau. L’eau a été captée et chaque maison peut désormais y avoir accès, quelques panneaux solaires ont été installés. L’ église a été restaurée et peut à nouveau accueillir des fidèles. Des maisons ont été restaurées, une d’entre elle est désormais occupée à l’année. Et les autres reprennent vie le temps d’un week end ou pour les fêtes. Nous avons pris ces photos pendant le week end de la Toussaint : des éclats de rire s’échappaient d’un repas de famille et résonnaient à travers le village. Des bougies scintillaient dans le cimetière.

 

Preuve que Muna est loin de tomber dans l’oubli…

 

 

Infos pratiques

A partir du village de Vico, prenez la D23 jusqu’à Murzo. Au niveau de l’église, tournez à droite en direction de Muna. La D4 vous mènera jusqu’à Muna et vous ravira par ses paysages ! Garez-vous sur le petit parking en face des boites aux lettres, et empruntez la montée pavée.
Bonne visite !